Nous avons essayé d’organiser nos échanges selon 5 grandes catégories:
Il est nécessaire de créer une alliance avec les familles, que les parents se sentent pris en compte. Il y a souvent beaucoup de peur et de défiance, certains parents ont un complexe d’infériorité par rapport à l’école.
C’est souvent difficile d’échanger car on ne se connaît pas.
On croit que les parents n’en ont rien à faire, eux croient que les instits n’en ont rien à faire.
Il faut réussir à ne pas perdre de vue que l’important ce sont les enfants.
Il est nécessaire de faire attention aux termes techniques que l’on emploie: on les utilise souvent pour se rassurer, pour montrer que l’on est professionnel, que l’on sait de quoi on parle mais c’est aussi prendre le risque de perdre les parents.
Malgré tout, il y a une importance à expliquer ce que l’on fait. Par exemple, un enfant qui veut apporter un truc tous les matins, les parents en ont parfois marre. C’est important que l’enseignant·e explique aux parents le rôle du vocabulaire, la syntaxe, la prise de parole devant le groupe.
Mais cela fonctionne en interaction individuelle, quand on voit les parents régulièrement.
Certains parents s’en fichent de ce que l’on fait, que l’on fasse des maths le matin ou l’après-midi. Ils ne mesurent pas forcément l’enjeu de l’intérêt de s’intéresser à l’école.
Comment s’en sortir avec les parents qui ne s’intéressent pas à l’école?
On crée parfois beaucoup d’affichages mais les familles montrent peu d’intérêt.
Cela s’est empiré avec le covid, il faut rattraper les familles. Certaines familles qui arrivent pour un premier enfant en maternelle n’ont jamais connu l’école ouverte.
C’est parfois difficile aussi pour les parents dans leur vie quotidienne. Ils ont d’autres préoccupations, sont parfois noyés dans leurs propres difficultés. Ils n’ont parfois pas le temps de se préoccuper de ce qu’il se passe à l’école.
C’est difficile d’avoir du lien avec la vie des familles, de connaître leur réalité.
On ne se rend pas compte du quotidien des familles, on vit dans un microcosme.
On ne met pas les mêmes mots sur les mêmes choses : moins d’écran, avoir des jeux de société : ce n’est pas qu’acheter un jeu de société, c’est aussi jouer avec les enfants, lire la règle, leur apprendre, passer du temps avec eux...
Certains enfants avec écrans s’en sortent bien en classe, c’est difficile d’imposer nos idéaux.
C’est difficile de mesurer les conséquences des choix éducatifs faits à la maison pour certains parents : écran, sucre…
Ce sont des faits scientifiques mais ce n’est finalement pas connu de tou·te·s, on passe pour des sachant·e·s qui veulent imposer leurs idées.
C’est une question sociétale : ce n’est pas forcément une question de génération mais de société en général : société actuelle anxiogène, personnes usées par le travail, la gestion du budget...et qui lâchent pour les enfants, pour avoir la paix.
Comment en tant qu’enseignant on peut accompagner, sans juger?
On peut par exemple, parler du temps d’écran le matin : «on sait que c’est compliqué quand tout le monde doit se préparer mais peut-être que vous pouvez essayer de les responsabiliser, de leur faire préparer les affaires la veille...»
Certains parents viennent nous demander des conseils éducatifs!
C’est assez dérangeant, quand les parents demandent des conseils, tu te retrouves un peu en décalage, tu as l’impression de leur raconter ta propre vie.
Avec d’autres parents, il y a parfois la difficulté inverse : personnes qui s’installent dans la classe, APE qui choisit ta classe découverte…
Quelles limites on fixe? Comment?
Il y a aussi des familles qui investissent ce que tu proposes et d’autres non : cela crée un décalage entre les enfants du coup. Il faut aussi être vigilant·e à ne pas creuser les inégalités en créant plus de liens avec certains parents (par exemple, à la fête d’école, faire attention de parler à tous les parents).
Au niveau de la posture, vouvoyer tout le monde, même avec des parents que tu vois en dehors de l’école.
C’est difficile parfois quand on habite dans le village, quand on est dans la même AMAP (oui, les instits Freinet sont tou·te·s dans des AMAP)…
Mais sinon en cas de problèmes, ça peut exploser facilement, c’est difficile de reposer un cadre, des limites...
Être vigilant : les parents n’ont pas à payer pour ce que l’on vit (mépris de la société, difficultés avec la hiérarchie…)
Quand la confiance est instaurée, cela permet de «tout» faire dans la classe. Il n’y a plus besoin de tout justifier, d’«être sur ses gardes», c’est un confort de travail au quotidien.
On discute sur le pourquoi des portes ouvertes.
On n’a pas envie de faire de la comm’ par rapport à ce que fait l’école privée mais est ce que ce n’est pas à réfléchir, notamment en cas de baisse d’effectifs.
Certains parents sont consommateurs, ils visitent les 2 écoles (privée et publique) avant de choisir.
Nos convictions ne sont pas les leurs, qui inscrit encore son enfant à l’école publique par conviction ?
Il faut faire le deuil de ces parents qui choisissent l’école publique par convictions.
Nous sommes dans une société qui change.
Aller voir les 2 écoles, c’est aussi se dire j’ai choisi et donc après je me décharge de ma responsabilité.
Comment? Des idées...
Portes ouvertes organisées avec en parallèle des animations de l’APE: cela permet de rencontrer les autres parents, permet de faire une expos des travaux des élèves.
Cela peut donner l’occasion de montrer ce que l’on fait. Notre pédagogie n’est pas très visible, pas très bonne à communiquer. Communiquer c’est aussi rassurer.
Portes ouvertes la veille de rentrée pour les PS pour qu’ils revoient l’école.
Rendez-vous d’inscription
Nous faisons un état des lieux des pratiques dans les différentes écoles :
Organisé sur la journée de décharge par certains directeurs et directrices. Cela permet de voir les classes en fonctionnement en passant rapidement.
Préinscription informelle le jour des portes ouvertes pour inciter les familles à venir s’inscrire après.
Lors de l’inscription, faire remplir une fiche simplifiée : pour ne pas faire doublon avec la fiche qui est redemandée à la rentrée.
Il y a souvent plusieurs dossiers à remplir pour les familles : cantine, garderie, centre de loisirs, école
Quelles informations communiquer aux familles?
C’est important que tous les parents aient le même accès aux informations, vigilance sur les différentes langues même s’il n’y a qu’un ou deux parents concernés.
Ne pas être trop sur l’implicite sur le fonctionnement de l’école.
Stéphane organise un apéro avant, puis les parents sont assis en demi-cercle pour ne pas qu’ils soient assis comme les élèves.
Il y a un petit livret type avec les grandes lignes du programme, des horaires qui est posé sur les tables. Ce sont eux qui posent des questions.
C’est possible quand on est là depuis longtemps dans l’école, si non est ce que ce n’est pas risquer d’être perçu comme «non-professionnel»?
C’est aussi délicat pour les parents qui ne connaissent personne et qui n’osent pas trop discuter avec les autres pendant l’apéro.
Chez Myriam, les parents se promènent dans la classe puis discutent entre eux et écrivent leurs questions par groupe.
Jeu coopératif : par exemple, les parents se rangent par ordre de naissance de leurs enfants, cela leur permet d’échanger?
Est-ce que les parents ne se retrouvent pas déconcertés, bloqués de se retrouver à faire quelque chose auquel ils ne s’attendent pas?
Est-ce que ce n’est pas tétanisant pour les parents de se retrouver à devoir échanger en groupe alors qu’ils s’attendaient juste à s’asseoir et à écouter l’instit?
Montrer des vidéos ça fonctionne toujours, permet de voir le niveau sonore, c’est souvent une vidéo de l’année d’avant quand tout le monde est rôdé.
La vidéo permet de montrer : Quand on dit on est en ateliers, ça veut dire ça!
Cela permet aussi de montrer que l’on bosse!
Les réunions de rentrée peuvent être difficiles avec la barrière de la langue:
À quelle heure? Quel jour?
On a un peu tout testé, difficile d’avoir une heure qui plait à tout le monde
Proposer un compte-rendu : est ce que ça n’ouvre pas la porte à ce que les parents ne viennent pas?
Faut-il proposer une autre date pour les parents absents?
Mettre en ligne le diaporama présenté pendant la réunion ? Avant/Après?
Sur le mot qui annonce la réunion de rentrée: proposer une case pour que les parents puissent poser des questions.
Stéphane montre son cahier de vie en ligne: klass.ly (ancien nom de Klassroom)
Ce sont des photos postées au quotidien.
Il y a un compteur qui permet de voir le nombre de familles qui se sont connectées.
Est ce que quand on met des photos en ligne, c’est un sujet d’échanges dans les familles?
Certains parents regardent sur leur téléphone, sans avoir d’interactions avec leurs enfants.
La mise en ligne est plus pratique que le cahier de vie papier parce que tout le monde a accès aux infos en même temps.
Mais cela implique d’être toujours connecté : avoir le téléphone dans la main en classe même si la mise en ligne est très rapide.
Fabrice montre le Digipad (de la Digitale) de sa classe :
Cahier de vie en ligne (la version papier est aussi dans le cahier), Photos, Vidéos, Chansons
PDF (Mieux car lisible sur téléphone. Beaucoup de familles n’ont plus d’ordi (téléphone ou tablette)).
Cela fonctionne avec un code pour la classe.
Le cahier de vie papier ou journal chez d’autres avec des textes, photos de ce que l’on a fait...est difficile à investir pour certaines familles, mais investis par les enfants.
Chez Gwenn, c’est une mémoire de classe, les enfants aiment bien le feuilleter.
Lire sur du papier, est ce que n’est pas un peu antique? Est ce que l’on n’est pas déconnecté de la réalité des familles?
Chez Myriam, il y a des élèves journalistes, 2/jour, ils prennent un temps pour écrire en fin de journée et tapent à l’ordinateur le lendemain.
Gwenn présente «le jour de...» (mis en place dans sa classe après un atelier au congrès)
Le jour de … (prénom de l’enfant) : entre 1/4 d’heure et 1/2 journée où le parent vient avec quelque chose qu’il a préparé avec son enfant : partage d’une passion, lecture d’un livre
Et après le parent reste en observation avec le fonctionnement normal de la classe.
Elle a testé sur le jour d’anniversaire de l’enfant mais ça fait trop le parent, le gâteau…
C’est mieux en étant réparti sur l’année.
C’est toujours difficile de faire venir toutes les familles.
Certain·e·s ont supprimé le cahier de liaison papier, remplacé par des messageries sur e-primo, Klassroom…
Ou par des mails avec création d’une autre adresse (pas avec le mail de l’école, ni le mail pro de l’instit). Point de vigilance : utilisation sur des heures restreintes (avant et un peu après l’école, mais pas de mails le mercredi et le week-end pour éviter d’être sur-sollicité par les parents et ne plus déconnecter).
S’il y a besoin de réponses des familles : retour par mail ou utilisation de formulaires comme framaforms que les parents remplissent en ligne.
Tour de nos pratiques en rendez-vous individuel:
FréquenceNoter les points inhabituels : violence des élèves, crises, pleurs inhabituels...peut aider pour des enquêtes sociales, des accidents du travail, pour le suivi des élèves Notes rapides, perso sur un cahier : permet de voir l’évolution des enfants, de relativiser certaines difficultés
Parents en retard : élèves qui vont ouvrir le portail pour montrer que les parents gênent, les parents ne rentrent pas.
Les laisser patienter un peu au portail.
C’est parfois difficile de faire comprendre aux familles que l’on travaille, que cela perturbe le fonctionnement de la classe.
Accueil des parents :
Pendant la première semaine notamment avec les CP. Les parents pouvaient rester au moment de l’accueil environ 15 minutes. Ils pouvaient voir la mise en activité, les ateliers.
Proposer aux parents de venir passer une matinée dans la classe : permet que les parents voient le fonctionnement, surtout le plan de travail, qui est le truc qui pose question.
Mise en place d’une charte du parent accompagnateur
Café de parents : 1h, le vendredi soir après la classe, avant les vacances
Possibilité de faire venir des intervenants extérieurs (centre socioculturel, centre de loisirs pour des inscriptions...)